Il nous arrive parfois des aventures bien étranges !
L’autre jour, je me rendis chez le médecin traitant (des maladies en général).
Docteur : « Bonjour ! Qu’est-ce qui vous arrive ? Je ne vous vois pas souvent. Ça doit être sérieux »
Moi : « J’ignore si c’est sérieux mais c’est très embêtant »
Docteur : « Racontez-moi ça ! »
Moi : « Eh bien, voilà : Je chie du verre »
Docteur : « Pardon ? Du verre ? Vous voulez dire du vert ? Des miasmes infâmes et malodorants présentant la particularité d’être de couleur verte ? Ce n’est pas très grave ! ça s’appelle la diarrhée »
Moi : « Non, non, des morceaux de verre qui me grattent le trou balle au passage ! ça fait un mal de chien ».
Docteur : « Enfin, voyons, vous plaisantez, ce n’est pas possible. Vous en avez avalé ?»
Moi : « Quoi ? »
Docteur : « Ben, du verre. Vous êtes magicien ? Suicidaire ? Fakir ? »
Moi : « Non ! Rien de tout cela. C’est juste que depuis une semaine, je chie du verre. Je vous ai apporté un échantillon. Vous voyez ?»
Dis-je en sortant un mouchoir de ma poche, le présentant ouvert sur le bureau du praticien faisant paraître ainsi la production matinale de mon derrière en feu. Un assortiment de morceaux heureusement taillés et non coupant de toutes les couleurs. C’était très joli. Sans le drame que je vivais, nous aurions pu, lui et moi nous extasier devant une telle myriade de couleurs scintillantes exacerbées par le spot lumineux du plafond. Le docteur en saisit une poignée avec un air affecté pour bien montrer qu’il avait vu bien d’autres étrangetés au cours sa carrière.
Il laissait couler les éléments à travers ses doigts. Les rayons irisés venaient frapper çà et là les murs et le plafond. Je m’attendais à voir entrer Tony Manero et Stephanie Mangano pour entamer « How Deep Is Your Love » sous nos yeux émerveillés.
Mais je fus vite ramené à la réalité quand le flux s’interrompit.
Docteur : « C’est étrange en effet. Rien qui puisse nous guider sur la cause de ce trouble ?»
Moi : « Je crains que non, malheureusement. Comme chaque matin je me présente sur le trône, ensuite, après quelques pets, des bruits semblables à une chute de grêle sur les carreaux, je produits ce que vous voyez sur la table. Rien d’autre. Tous les jours, environ la même quantité. Au début, tout était transparent mais depuis trois jours, les couleurs sont apparues. Mon alimentation n’a pas changé ni mon hygiène de vie. J’ignore ce qui pourrait provoquer cette … anomalie »
Docteur : « Ni moi non plus, j’ai bien peur. Puis-je garder cet échantillon en vue d’analyse ? »
Moi : « Faites Docteur, mais en attendant les résultats, que puis-je faire ? »
Docteur : « Rien, malheureusement. Il faut attendre la suite, j’envoie ça très vite. En attendant, vous pouvez compter les morceaux, ça vous passera le temps. Mais à propos, comment les collectez-vous ? »
Moi : « Depuis deuxième jour, je m’assieds sur un chinois. Enfin, je veux dire, une grande passoire que j’ai empruntée dans la cuisine. Mon épouse n’est pas très contente. Nous mangeons beaucoup de pâtes mais maintenant elle sait où la trouver si elle n’est pas dans l’armoire. J’ai déjà, récolté une belle boite à compartiments ; un pour les couleurs, un autre pour les transparents, comme à la décharge communale »
Docteur : « Bien, vous désirez un calmant ? C’est tout ce que je peux faire pour l’instant. Et puis quoi de plus naturel si votre intestin grêle »
Dit-il avec un grand sourire, fier de son jeu de mots.
Docteur : « il vaut mieux rire que pleurer, la grimace est plus belle »
Ajouta-t-il avec compassion, ce qui eut le don de me saper définitivement le moral.
Docteur : « Je peux aussi vous prescrire une crème pour les hémorroïdes si vous le désirez »
Moi : « Merci, ça gratte un peu mais si vous observez les morceaux, il semblerait que les bords de soient pas coupants, comme s’ils avaient été taillés »
Docteur : « Eh bien, voilà ! Je vous appelle dès que j’ai des nouvelles. C’est 36€ »
Je quittai donc le cabinet du praticien pas plus rassuré qu’en y entrant.
Quelques jours plus tard, tandis que je transvasais le contenu de mes déjections dans une boîte plus ample – J’avais acheté un frigo box avec deux subdivisions – je téléphone résonna.
Docteur : « Oui, Docteur « biiiiiiip » à l’appareil, vous avez un instant ? je viens de recevoir les résultats d’Anvers, ça a pris plus de temps que prévu mais le laboratoire voulait des confirmations »
Moi : « Vous envoyez vos demandes d’examen dans les Flandres ? C’est un peu loin, non ? »
Docteur : « je vous le concède, mais votre cas est spécial. Le Labo de Charleroi voulait une nouvelle analyse » j’ai les résultats sous les yeux. Mr Ramakrishna Vattikuti, de «Vattikuti, Barsiaman & Rappaport » diamantaire dans le quartier de la Gare, confirme, je vous lis : diamants, émeraudes, rubis, saphirs, topazes, citrines, chrysobéryls, ammolites de très grandes qualités. Pas de défaut. Comme convenu nous avons transféré l’arg… hmmh hhhm, pardon, ce sont des détails professionnels sans importance. Vous vous rendez compte ? Quelle chance ! Félicitation ! vous déféquez des pierres fines et précieuses ! »
Moi : « Quelle chance ? Vous en avez de bonnes vous. Ce n’est pas marrant d’exploser la faïence tous les matins. Je suis inquiet et stressé. J’aimerais que ça s’arrête. Je voudrais savoir de quoi je souffre »
Docteur : « Ecoutez, ne faites pas la fine bouche. Soyez heureux ! Vous être riche ! Priez plutôt pour que ça dure. Prenez ça du bon côté, si je puis dire. Allez, au revoir, tenez-moi au courant »
Moi « Euh, pour l’échantillon, vous pensez me le rendre quand ? »
Docteur : « hmmm, heu, vous savez ce sont des examens couteux et ils ont dû piller une grande partie des pierres pour confirmer les soupçons. Je ne vous fais pas payer l’examen. Soyez content. Allez, au revoir, au revoir, au … clic ».
Voilà, je devins extrêmement riche comme tant d’autres, grâce à mon cul. Après quelque temps la production s’est estompée jusqu’au jour où je souillai totalement la passoire d’un gros tas merdal absent de toute valeur vénale mais emplis d’un bonheur à nouveau retrouvé.
Je découvre encore parfois une petite améthyste ou une agate de piètre qualité que je peine à filtrer avec ma toute nouvelle passoire. Je l’envoie à Rama qui depuis est devenu mon ami.
Cela me permet de verser les impôts de la société que j’ai créée en vue d’éviter des ennuis avec le fisc.