Or donc, je me promenais par monts et par vaux dans notre beau village en cette fin d’été qui ressemblait par ailleurs à un été tout court.
À l’orée du ‘Noir Chien’, je rencontrai une très belle dame, vêtue d’une robe en lin immaculée et ornée d’une couronne de roses.
Elle : « Bonjour, je suis Aquanalinae, la déesse de votre village »
Sur le moment, je pensais appeler les services pour personnes en déficience mentale, mais elle semblait paisible et, je dois l’avouer, apaisante.
Moi : « Enchanté, puis-je savoir ce que vous nommez ‘La déesse de notre village’ » ?
Aquanalinae : « Je suis née ici, il y a des siècles, fille de Damona, déesse des sources et des rivières et de Boramus, dieu guérisseur, uni à l’eau » (n’hésitez pas à vérifier que je ne raconte pas des salades).
Moi : « Waouh ! Et que me vaut le grand honneur de vous rencontrer ? » Dis-je avec un sourire moqueur.
Aquanalinae : « Vous savez, depuis tant de lustres, je parcours vos ruisseaux vos étangs, vos lacs, je protège votre faune aquatique. Lors de pollutions extrêmes, je nettoie les dégâts.
En l’an 400, quand il n’y avait que très peu d’habitant, le roi Arthur, lui-même, qui passait par ici pour contrer les envahisseurs, s’était soulagé dans le ruisseau du moulin.
Bien mal lui en a pris! Je lui ai confisqué son Graal. Il pleurait comme une Madeleine en rentrant dans son pays. J’ai caché la coupe dans un endroit secret, ici, à Nalinnes.
Quand Napoléon Bonaparte est passé par chez nous en Juin 1815, pour aller faire un tour à Waterloo, il a fait la même chose qu’Arthur 1400 ans plus tôt. Vous connaissez la suite, n’est-ce pas? Victor Hugo l’a raconté : « Comme une onde qui bout dans une urne trop pleine,“ , mais il avait commis une erreur, ce n’était pas urne, mais burne.
Je l’ai puni. Il a perdu la bataille!
Savez-vous que la dénomination de Nalinnes vient de mon nom ? »
Moi : «J’ai lu ça, oui, mais, à propos du Graal, vous l’avez vraiment caché ici à Nalinnes? »
Aquanalinae : « Effectivement, mais j’ai oublié l’endroit où je l’ai déposé. J’avais exagéré sur le vin que nous importions à l’époque de Grèce et j’étais assez ‘fatiguée’. A propos, je ne comprends pas pourquoi, tous les ans, à la même époque, des gens vêtus comme des soldats de Napoléon accomplissent un culte à la dame qui vit dans la grande maison au Centre. Pourquoi elle et pas moi ? Je suis un peu jalouse mais elle est très aimable Madame de la Visitation, c’est vrai. C’est avec elle que j’avais picolé le jour où j’ai caché le Graal. Il y avait Vî Nenesse aussi. Si vous cherchez le Graal, peut-être peut-il vous renseigner, mais il était bien parti aussi ce soir-là.»
Moi : « Je suis content de vous rencontrer, mais que me vaut cette faveur ? »
Aquanalinae : « C’est parce que vous êtes en train de rêver »
Je me suis réveillé, triste de n’avoir poursuivi la conversation.
Il faudra que je parle au Vî Nenesse.