L’allée des Noyers. L’œuvre de Jean-Charles de Mérode.
Dans ce document, on peut voir, sur la gauche, un chemin entouré d’arbres se dirigeant vers Ham-sur-Heure pour rejoindre son château ; l’allée des noyers.
Je crois déjà avoir edité ce document mais les publications de ces derniers jours m’ont poussé à rafraîchir notre mémoire collective.
Ne reculant devant aucun sacrifice, j’avais effectué quelques années auparavant, une recherche historique approfondie. Je remercie Vî Nenesse pour son aide précieuse dans la quête de vérité.
L’anecdote se situe le 15 Juillet 1739, Jean-Charles-Joseph Comte de Merode, Marquis de Deynze, seigneur d’Ham-sur-Heure, Chevalier de la Toison d’Or, Feld maréchal au service de S.M.I. et R. Marie-Thérèse, Champion de belote en 1731 à Walcourt, vainqueur du plus gros mangeur de boudin à la foire de Morialmé en Juin 1735 et incorrigible trousseur de jupons est le propriétaire des deux châteaux.
Ce matin d’été, à 5 heures, Jean-Jean (petit nom donné par les gueux), quitte la Chambre de Madeleine de la Grosse Papatte, Comtesse de Joncret, héritière du trône de Moldavie, fille de Raymond et Raymonde Krapotchik de Thurn und Taxis, en convalescence au château Nalinnes pour soigner un prurit galeux.
Jean-Jean est fin saoul mais il sait qu’il doit rentrer à Ham-sur-Heure avant le réveil de sa femme Charlotte de la Tape à Gayes des Bourquis du Fond. Charlotte était une roturière. A l’époque, quand on avait moins de 16 mots dans son patronyme, on était roturier (ndlr). Elle a pour habitude de se lever de bonne heure dans le but de chevaucher son destrier (à l’époque, un destrier avait la même signification qu’aujourd’hui, ne nous méprenons pas !). Jean-Jean doit être rentré avant le retour de son épouse vers 5:45. Que faire si ce n’est emprunter la mobylette du boulanger ? Mais il se rappelle que la mobylette n’existe pas encore. Charlotte a un avantage non négligeable : Sa famille est très riche et un divorce serait délicat pour les bourses de Jean-Jean (même remarque de la rédaction, nous nous faisons un devoir de rester correct)! Il faut rentrer à tout prix!
Il court donc comme un dément vers l’ouest, trébuchant sur les cailloux et les racines, glissant sur les déjections bovines, sautant les ruisseaux, parcourant les champs à toute vitesse pour arriver enfin à 5:40 au château, passer son pyjama en cheval retourné (à l’époque, les modistes étaient très costauds), s’installer négligemment à la table du déjeuner et croquer une carotte. Charlotte entre à ce moment et l’embrasse sur le front. Elle s’étonne qu’il soit en nage. Comme excuse, il explique qu’il a vu des moineaux picorant les tartines en entrant dans la pièce et qu’il les a fait fuir avec sa tapette à moineaux, non sans mal (à l’époque, le moineau savait ce qu’il voulait). Elle ne semble pas dupe. Elle lui fait savoir qu’il est étonnant que les carottes sentent le Ricard. Jean-Jean s’en sort encore une fois en argumentant que les carottes du jardin sont plantées juste à côtés du fenouil et qu’un transfert de goût a probablement eu lieu. Charlotte est pressée car elle doit participer à son cours d’abarobique (danse avec des chèvres sur une musique baroque très en vogue à l’époque – ndlr) à 8:00. Elle n’insiste pas. Jean-Jean respire un bon coup. Cette fois-ci, il est passé par le chas de l’aiguille (mais à l’époque, les aiguilles étaient quand même très grosses). Il se promet qu’on ne l’y prendrait plus. Il va décider :
1° De toujours emporter son réveil avec lui lors de ses escapades nocturnes
2° D’inventer la mobylette mais il laisse ça de côté pour l’instant (On l’ignore sans doute mais, Louis-Guillaume Perreaux, né en 1816, et inventeur de la moto s’appelait en réalité Louis-Guillaume Perreaux, Comte de Merode, Marquis de Deynze de la Grosse Papatte, ndlr). Il aura certainement eu vent de cette histoire.
3° Plus important, de planter une allée de noyer toute droite et toute plate entre ses deux propriétés. De cette manière, il pourra rentrer sans entrave lorsque, dès poitron-jacquet (*), encore imbibé des libations nocturnes, il devra rentrer au plus tôt avant le réveil de la mie.
Pourquoi des noyers demanderez-vous ? Pour faire cours, nous n’en savons rien. C’est probablement lié au nom de son épouse (Charlotte de la Tape à Gayes).
Quelques erreurs se sont probablement glissées dans ce récit mais, nous vous saurons gré de ne pas nous en tenir rigueur.
D’avance, merci.
*Poitron du latin = postérieur, jacquet=écureuil, donc dès qu’on voit le derrière de l’écureuil, très tôt. Le chat (minet) ayant remplacé l’écureuil par la suite (véridique).