L ’opposition

Dans mon village, les gens sont sympathiques.
Surtout l’Opposition. Ils sont discrets et timides. J’adore ça !
Et puis, il faut du courage pour voter pour eux.
Aux dernières élections communales, comme je préfère m’arracher un testicule avec les dents que de voter à droite, je m’étais renseigné sur l’Opposition plutôt que de m’abstenir. L’un d’entre eux, assez aimable qui distribuait des tracts devant chez moi m’avait abordé. Il m’avait semblé bien. Mon vote lui était acquis.
Cette personne a été élue au Conseil Communal et je dois dire que j’avais beaucoup de respect pour la patience de ces pauvres gens face à notre Loukachenko local (oui oui ! il y a un air de famille et une façon d’agir assez similaire).
Exemple :
Bourgmestre « Bon, on vote pour l’octroi des travaux de réfection de la façade de la maison du bourgmestre à la société ‘Loukache & Co’. Des remarques ? »
Opposition « Eh bien, ne le prenez pas mal mais nous pensons que c’est un peu exagéré de s’accorder à soi-même la réparation de sa propre maison aux frais de la Commune. Attention, vous avez peut-être raison mais bon, on ne veut pas créer d’ennui. C’est juste qu’on se pose la question »
Bourgmestre « Aller, ça va ! Tu ne vas pas nous faire traîner la séance pour des bêtises, hein »
Opposition « Nous on va quand même s’abstenir, si tu n’y vois pas d’inconvénient, bien entendu »
Bourgmestre « On vote ! … 16 « pour » et 4 abstentions. Accordé ! Point suivant … »
Opposition « Oui heu, juste un mot si tu veux bien. On n’est pas content, mais alors pas content du tout »
Bourgmestre « Ok. ! Point suivant … Déplacement du sentier réclamé par mon très cher et très généreux ami … » – la séance a été interrompue ; des membres de la majorité s’étant endormis.

En même temps, vous allez me dire, pourquoi ne pas tout se permettre avec une telle opposition ?
Je propose d’ailleurs de rebaptiser « l’Opposition » en « Droit de remontrance » comme durant l’Ancien Régime. Ça ne servait à rien !
Pire ! Quelque temps plus tard, j’apprends que le type pour qui j’avais voté avait remis sa démission pour aller travailler – Non, vous n’allez pas me croire – dans le cabinet du futur « Numero Uno » de la commune, fraîchement envoyé par son parti comme Ministre Wallon.
C’est pas beau ça ?

Moralité : Dans mon village, quand vous ne voulez pas voter à droite, vous votez à droite quand même.
Conclusion : ça m’étonnerait que je passe encore la tête à l’école du Centre pour voter lors des prochaines communales.