Or donc, l’autre fois, bravant les affres d’une nouvelle tempête, je décidai d’emmener mon chien, Léo dans une balade dominicale qui n’avait d’autre but que de digérer l’andouillette de la veille, servie en entrée, ainsi que la tartiflette (en guise de trou Normand, je sais ça peut paraître étrange), suivie par un agneau. Pas seulement le gigot, non, non, non ! Les 2 gigots, les 2 épaules, le collier, la poitrine, le carré, le filet, la selle, et j’en passe.
Le tout servi avec un bordeaux de légende qui se prêtait bien à notre repas : Un Mouton-Cadet.
Tandis que mon épouse tricotait la laine de Pascal (le prénom de notre agneau maintenant décédé et prédigéré) après l’avoir filée dans les règles de l’art, je pensais qu’une petite promenade récupératrice eut été pour le moins utile à mon chien (il avait bouffé l’épigramme en entier, le crapuleux).
Vous comprendrez que nous devions, Léo et moi, prendre un instant pour faire oublier cette soirée à nos estomacs brouillés.
Dominique, mon épouse, avait uniquement goûté au gigot et avait bu une seule gorgée de Bordeaux. Elle se trouvait donc dans une forme resplendissante, tricotant un caleçon de laine qui gratterait mon entre-jambe jusqu’à la fin de l’hiver(surtout pendant le jogging), tandis que Léo et moi, le foie triste, la langue pâteuse, l’âme vagabonde, nous promenions dans les rue de Nalinnes, sous la pluie et la bourrasque.
Léo (oui, il parle !) : « Ah tiens, on n’a pas bouffé la langue de l’agneau» .
Moi : « T’inquiète, les poules s’en sont régalées. »
Léo : « Ah, c’est dommage!»
Dit-il en lâchant son 13ème étron de la journée que je ramassai encore une fois en me disant que je devrais me munir d’un sac à dos pour les prochaines balades.
Le sac réservé à cet effet commençais à peser et l’odeur presqu’insupportable.
Heureusement, le vent évacuait la plupart des effluves émanant dudit sac.
Alors que nous rentrions à la maison, la protection d’un lampadaire, sous la pression du vent, se détacha et vînt me frapper à la tête.
Je tombai, inanimé au sol.
Lorsque je me réveillai, Léo se tenait près de moi avec la coupole du lampadaire en guise de parapluie de fortune, remuant la queue et me léchant le nez.
Nous sommes donc rentrés, lui au sec, ses papattes dépassant à peine de la lanterne, un peu comme Milou dans « Objectif Lune », moi avec un mal au crâne que la promenade n’avait pas calmé, trempé comme un torchon. Je pris une douche et enfilai mon tout nouveau caleçon en laine que la chair de ma chair avait maintenant terminé et passai la soirée à me gratter.
Moralité : évitez l’agneau Pascal en Février, préférez Pâques ! La tartiflette au trou normand est aussi à prévenir. Et, surtout, à proscrire, une andouillette en entrée. Et fondamentalement, restez à la maison en cas de tempête.
Ps : A donner : « Caleçon en laine d’agneau » (Même le Vî Nenesse n’en veut pas !). Contact en message privé (je ne tiens pas à ce que ma partenaire apprenne ma vilénie).