Or donc, l’autre jour, de décidai de reprendre le jogging après une année d’abstinence.
Il faut savoir qu’on ne dit plus jogging mais bien running. La douleur est la même mais ça fait plus « classe ».
Ainsi, dans une conversation, on peut entendre :
« Hier soir, j’ai été courir »
« Ah bon, c’est quoi? , c’est comme du jogging ?»
« Oui, le même principe, tu essaies d’aller plus vite que quand tu marches, tu sues comme un porc et tu prends une douche»
« Ah non, ça c’est du running ! »
« Ah, ok ! »
Mais je m’égare, comme par trop souvent dans des détails sans aucun intérêt.
Donc, je suis retourné voir du côté du centre sportif Roulin Dorvillez, aux Monts, au club « Courir pour souffrir ».
C’est un club très sympathique avec des coaches très qualifiés et il y règne une bonne ambiance.
Allez-y ! C’est le mardi et le jeudi à 19:00 (ainsi que le samedi matin si vous n’êtes pas morts).
Je dois dire que le jour de la reprise, le 3 septembre, à 18:40, dans mon garage, une cigarette à la main, un verre de vin dans l’autre, je n’étais pas vraiment chaud-chaud (pas comme le chien, ça ne s’écrit pas pareil, essayez de suivre s’il vous plait) pour y aller.
Heureusement, un voisin, qui se rendait aussi au supplice, réussit à me convaincre (Gianni, si tu me lis, merci pour le coup de pouce!).
J’arrivai donc au terrain de foot, garai ma voiture et entrai dans le bar où se réunissent les coureurs/Joggeurs/runners avant de partir chacun dans leur groupe pour une heure de joie saine. J’étais déjà essoufflé avant d’atteindre l’entrée. J’étais déjà fatigué dans la voiture en changeant les vitesses, alors que c’est une automatique.
Je me sentis un peu rassuré lorsque je vis des têtes connues. Rien n’avait changé ! Vu mon état lamentable, je décidai de joindre un groupe un peu moins rapide que celui que je fréquentais auparavant. Nous partîmes cinq cents mais par un prompt renfort nous nous vîmes trois mille en arrivant au port. Ah non, ça c’est Corneille et ça n’a rien à voir, désolé.
En réalité, nous partîmes 20 et deux minutes après, le manque d’oxygène, me faisait déjà regretter d’être là (Si tu me lis, Gianni, ton coup de pouce m’a fait mal au derrière!). J’avais l’impression de faire de la plongée « sous-narine » ! Mon cœur se rappelait à moi ! je l’entendais dans les tympans me dire :
« Tu vas où là ? t’es malade ? j’ai absorbé un paquet de clopes et 3 verres de vin aujourd’hui et tu veux que je gères tes jambes ? Faut changer de cap camarade, sinon, je lâche et je te lâche ! ».
Qu’à cela ne tienne, je tenais. je voyais au loin, à 300 mètres, mon coach et ses adeptes discuter de l’impôt foncier, de la reprise de l’école, du prix du mazout et de la possible transcendance de l’être dans un monde nouveau (enfin, je crois, à 300 mètres on n’entend pas tout)!
Pour ma part, je n’avais qu’une envie : en avoir fini avec cette torture. Un moment, je crus même que mes intestins avaient rejoint mon cœur dans une solidarité improbable et s’animaient tout à coup pour menacer une issue bien ridicule.
Les secondes étaient des heures, les minutes des siècles.
Il y avait dans ce groupe, des gens de trente ans plus âgés que moi. Je me sentais triste, ridicule mais, mes intestins avaient finalement accepter la conciliation, évitant ainsi d’être souillé dans mon âme, dans ma réputation et dans mon fondement.
Nous arrivâmes enfin, après cette dure épreuve, à notre destination qui n’était autre que notre point de départ.
Pour ma part, j’arrivai bien longtemps après, mais à temps pour pratiquer les étirements. C’est une coutume, après la course, il faut s’étirer, sinon, on ne va pas aller bien du tout.
Je me prêtai donc au jeu. Mes jambes flagellaient telles de pauvres brins de paille. Mon cœur avait fini de m’aimer, mon âme était ailleurs.
Un instant, on nous demanda de prendre une jambe dans la main et de rester en équilibre. Je m’échouai lamentablement le front dans la bouse d’une vache qui n’avait rien à faire à cet endroit.
Enfin, nous fûmes libérés. Je rentrai, triste, à la maison ; la voiture empestait. Je dû expliquer à mon épouse qui avait noté l’odeur du crottin de cheval sur ma personne, la différence fondamentale entre la vache et le cheval, bien qu’étant tous les deux une bande d’ongulés, ils ne produisent pas les mêmes odeurs. La douche fut salvatrice ! La nuit divine ! Mon cœur, mon âme et mes jambes s’étant réconciliés.
Le lendemain, étonné de ne sentir aucune douleur, je pensai que les fameux étirements avaient été salvateurs. Hélas, le jour d’après, le jeudi donc, lorsque je descendis les escaliers pour me rendre au travail, mes cuisses avaient, d’un accord commun, décidé de faire scission avec les autres parties de mon corps.
Si vous suivez bien, nous étions Jeudi. Et le Jeudi, c’est course/jogging/running ! Je me rendis donc au centre sportif Roulin Dorvillez, la mort dans les cuisses, l’âme et le cœur à 18:40.
Jamais je n’ai souffert autant. Les cuisses me reprochant la violence que je leur faisais subir, le cœur toujours en froid avec moi, ma voiture toujours autant imprégnée d’une odeur âcre issue des déjections bovines, mon courage disparu à jamais.
Mais je tins bon bien que j’entendais au loin, de moins en moins, les conversations de me coreligionnaires !
Je fis abstraction des étirement cette fois et rentrai à la maison, les boules Quies dans les narines.
Je passai le week-end à désinfecter mon véhicule.
Mardi arriva ! Je réalisai tout à coup que le cœur, les jambes et mon âme s’étaient réconciliés !
Je ne peux donc que vous conseiller « Courir pour mieux vivre ».