Comme on a pu le lire dernièrement, je souffrais d’une angoisse réelle à l’idée de devoir me rendre sur la place de Nalinnes-Centre pour un soin du visage exigé par la chair de ma chair, samedi dernier.
Pour tout dire, c’était assez sympathique. Je fus accueilli par une jeune demoiselle qui se trouva fort aimable, rassurante et professionnelle.
Lumière tamisée, musique d’ambiance, bougies parfumées, douceur des soins, bien que je comprisse mal la définition des produits qui passaient, tour à tour, sur la peau de mon visage.
Cet instant de calme fut malheureusement interrompu au moment où, m’étant enfin relaxé, je ne pus réprimer un pet bien audible, bien plus que celui d’une mouche dans cette salle à la musique apaisante. Clairement, le mien, plus discernable, provoqua un malaise entre cette charmante employée et moi.
La honte m’envahit, l’envie soudaine de n’être pas là, de partir, de quitter mon corps, de ne jamais avoir connu cet endroit.
Le ressentiment envers ma tendre épouse de m’avoir envoyé dans cette terrible épreuve.
Le désespoir de devoir encore affronter un jour le regard de cette jeune fille qui commençait à peine sa carrière et qui devait braver ce genre de situation ridicule avec un stoïcisme, une sobriété sans faille.
Je l’imaginais déjà, avec des amis, au hasard d’une rencontre fortuite, se fouetter de rire tout en visant ma direction.
« Désolé » dis-je avec un ton gêné.
« Hmm, hmm, pas de problème » me répondit-elle avec timidité.
Par la suite, je me demandai, dans les cours prodigués aux dentistes, aux kinésithérapeutes, aux esthéticiennes, et autres professions en relation directe avec la personne, si ce sujet était abordé.
Question à l’examen oral : « Votre patient laisse échapper une perlouze, comment réagissez-vous ? »
Réponse officielle : « Hmm, hmm, pas de problème !».
Je suppose cependant que les proctologues sont exemptés de cette partie du cursus.
!!!!!!La suite de cette bafouille pourrait choquer les âmes sensibles. Merci aux administrateurs de bien vouloir la censurer si bon leur semble !!!!!
Enfin, la séance touchait à sa fin. Nous descendîmes à la réception.
« Alors, voici Monsieur, votre épouse a déjà réglé le compte » (merci ma chérie, pensais-je!).
« Mais, je dois savoir si vous emportez vos points noirs, ou bien si vous les laissez ici pour la destruction. »
« Dans ce cas, je dois vous demander une surtaxe, et il y a un bon kilo !».
« Pardon » dis-je ? Une surtaxe sur mes boutons ? Et vous avez prélevé un kilo ?».
« Oui Monsieur, dans le cadre de la préservation de la planète, tel Recupel, nous sommes forcés de vous demander une surtaxe si vous ne pouvez recycler vos ‘résidus’ ».
« Ah bon, c’est nouveau ?»
« Oui, c’est l’Eco-médons ! ».
Avant de me fâcher, je pensai soudain que mon épouse pensait remplacer bientôt la graisse de la friteuse.
« ah bien, ok », dis-je. « Vous n’auriez pas un autre kilo? ».
« Bien sûr Monsieur, je vous l’emballe ?».
Et c’est ainsi que ce dimanche, nous eûmes à table un poulet avec des frites au goût fort surprenant.