L’autre fois, j’ai engendré l’un des plus extraordinaires étrons qu’il m’ait été donné de concevoir.
Les agapes qui avaient précédés la production de ce monstre n’avaient pourtant pas été supérieures à l’accoutumée.
L’une ou l’autre saucisse agrémentée d’haricots en sauce. Deux ou trois jambonneaux farcis au saindoux, de la mayonnaise, des céleris, des choux à la crème, un café et un « after eight ».
Rien que de très frugal en somme !
Lorsque le bambin s’est présenté à l’orée de mon sphincter, j’ai bien compris qu’il s’agissait là d’une exception dans les annales (!) de mes créations cagales.
Je le sentais, frétillant, guilleret, joyeux même. Cependant, Silencieusement, il atteignit d’un bloc l’eau de la cuvette avant même d’avoir libéré qu’une faible partie de mon bol fécal.
Il n‘en finissais plus de s’étendre ; à tel point que je pensai sérieusement tirer la chasse à plusieurs reprises dans le but de faire place neuve. Cependant, ma curiosité étant trop grande, je voulais avoir une chance de le voir tel quel avant de lui rendre sa liberté. Bien m’en a pris ; le spectacle auquel j’allais assister en valait la chandelle(!).
Lorsqu’enfin je senti le cordon ombilica(ga)l qui le reliait encore à moi définitivement coupé, je pratiquai une torchure minutieuse suivie d’un recullotage rapide.
Malgré une lourde peine, comparable à la dépression post fécale, j’avais hâte de contempler mon œuvre. J’étais fébrile.
Quel fantastique tableau!
Tout d’abord, je m’aperçus que toute l’eau avait été évacuée. Ne restait plus que la merveilleuse masse qui trônait( !) là, telle une Venus sortie de l’eau. La déjection anale dépassait de loin toute commune mesure.
Elle avait créé un tas merdal tellement important de couleur cuivrée qui, si le flux n’avait cessé, aurait atteint les poils de mon testicule gauche(je porte à droite pour contrebalancer).
La forme me remémorait nos vacances en Sicile d’où nous pouvions apercevoir l’Etna fier, droit et surtout encore fumant. J’observais ma confection issue du volcan de mon cul.
Quant à l’odeur, que dire ? Elle n’était pas sans évoquer les épandages de lisiers dans mon village lorsque le printemps parait. Acre, à la limite du supportable, probablement insupportable pour un autre que moi.
C’est avec un grand regret, après en avoir observé les contours pendant quelques minutes, que je tirai la chasse. Mon colombin ne s’avoua pas vaincu facilement. Il refusait de partir. J’étais déchiré par la nécessité de le laisser partir et le désir de le garder, pourquoi pas, pour en faire un moulage. Finalement, j’optai pour une option plus raisonable qui consistait à l’enterrer dans le jardin.
Parfois, je vais me recueillir à l’endroit où je l’ai laissé. Des plantes sont apparues, signe qu’il me sait gré de cette décision.